Comprendre le rôle du mouvement dans la prévention
Le lien entre inactivité physique et pathologies chroniques est aujourd’hui solidement établi. De nombreuses études ont démontré que le manque de mouvement favorise l’apparition de maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2, de certains cancers, sans parler des troubles musculo-squelettiques et psychiques. Pourtant, malgré ces constats, la majorité de la population adulte reste en deçà des recommandations de l’OMS, qui préconisent au moins 150 minutes d’activité physique modérée par semaine.
Mais que recouvre exactement cette « activité physique » bénéfique ? Il ne s’agit pas nécessairement d’aller courir ou de s’inscrire en salle de sport. Monter les escaliers, jardiner, marcher pour aller faire ses courses, danser chez soi ou participer à un atelier d’équilibre font partie de ces gestes qui, cumulés et adaptés à chaque personne, participent à une prévention active et concrète.
La prévention par le mouvement n’est pas uniforme. Elle dépend de l’âge, des pathologies préexistantes, de la mobilité, mais aussi du contexte de vie. Ainsi, dans une résidence sénior, proposer des séances encadrées de mobilité douce ou de renforcement musculaire permet non seulement de préserver les fonctions physiques mais aussi de favoriser le lien social et la motivation. La prévention devient alors un projet global de santé.

L’activité physique comme outil thérapeutique
En complément ou en prolongement d’un traitement médical, l’activité physique peut aussi être utilisée comme un véritable outil de soin. C’est ce qu’on appelle l’activité physique à visée thérapeutique (APVT), prescrite notamment dans le cadre d’un parcours de soins pour les personnes atteintes d’affections de longue durée (ALD).
Lorsqu’elle est intégrée à un suivi personnalisé, l’activité physique adaptée améliore l’endurance, diminue la douleur, réduit l’anxiété, et renforce l’estime de soi. Elle s’appuie sur une évaluation précise des capacités de la personne et sur des objectifs réalistes. Le rôle du professionnel ici est fondamental : il ne s’agit pas seulement de faire bouger, mais de créer un cadre sécurisant, progressif, et centré sur la personne.
Dans notre approche, nous insistons sur la dimension évolutive de la thérapie par le mouvement. Un patient atteint de lombalgies chroniques ne suivra pas la même progression qu’une personne en post-chirurgie ou qu’un résident en perte de mobilité. L’activité physique est ici conçue comme un outil ajustable, qui évolue au fil du parcours de soin. C’est une thérapie active, non médicamenteuse, qui rend le patient acteur de sa propre santé.

Adapter le mouvement aux situations de vulnérabilité
Certaines situations de vie – vieillissement, handicap, isolement, maladies chroniques – rendent plus complexe l’accès à l’activité physique. Pourtant, c’est justement dans ces contextes que ses bienfaits sont les plus marqués. Les programmes en résidence sénior, dans les structures médico-sociales ou à domicile visent à redonner du pouvoir d’agir, à travers des gestes simples, répétés, encadrés.
Adapter ne signifie pas diminuer, mais transformer : une personne atteinte de la maladie de Parkinson bénéficiera de séances centrées sur la coordination et l’amplitude gestuelle, tandis qu’un adulte en situation d’obésité pourra commencer par des exercices en décharge partielle du poids du corps. Le but est d’éviter les ruptures : ne pas bouger du tout devient souvent plus risqué que bouger peu.
Ce travail d’adaptation demande une connaissance fine des contraintes physiques, mais aussi des contextes de vie. Il s’agit de proposer un cadre qui respecte les rythmes, les peurs, les objectifs de chacun. Nous travaillons souvent en lien avec d’autres professionnels (médecins, psychologues, ergothérapeutes), afin de garantir une continuité dans l’accompagnement et d’intégrer le mouvement dans une approche globale de soin.

Favoriser une culture du mouvement au quotidien
Le défi aujourd’hui n’est pas seulement d’augmenter le nombre d’heures passées à bouger, mais de transformer en profondeur notre rapport au mouvement. Trop longtemps considéré comme un « plus », une activité réservée aux jeunes ou aux sportifs, le mouvement doit retrouver sa place dans le quotidien, comme une composante normale de l’hygiène de vie.
Cela passe par une meilleure information, mais aussi par des environnements propices : lieux de vie conçus pour inciter à la marche, organisations du travail favorisant les pauses actives, urbanisme favorable à la mobilité douce. Dans les résidences sénior les mieux pensées, des parcours de marche sécurisés ou des ateliers réguliers peuvent faire une vraie différence dans la prévention de la perte d’autonomie.
Au-delà de l’espace public, il y a aussi une culture à faire évoluer dans les esprits. Accompagner un proche à un atelier de mobilité, inclure le jeu moteur dans l’éducation, valoriser les formes de mouvement qui ne sont ni sportives ni compétitives : autant de leviers pour faire du mouvement une norme bienveillante. Le soin commence parfois par une marche lente, un étirement en conscience ou une respiration synchronisée au geste.
Sur ce blog, nous ne cherchons pas à donner des recettes miracles ou des modèles à suivre. Nous voulons offrir des clés de compréhension, des pistes concrètes, et surtout une vision plus humaine, plus réaliste du rôle de l’activité physique dans la santé durable. Bouger est un droit, une ressource, un appui. Et nous avons toutes les raisons, individuellement et collectivement, de lui redonner sa juste place.
